Le modèle Stock-to-Flow (S2F), inventé et popularisé en 2019 par PlanB dans l’article « Modeling Bitcoin Value with Scarcity », est l’une des théories des prix les plus populaires pour le bitcoin, suggérant que le S2F du bitcoin est ce qui détermine son prix.
La popularité et la crédibilité du modèle ont été acquises principalement grâce à trois éléments de preuves à l’appui :
- R-carré élevé entre le log du log S2F de la capitalisation boursière (~ 0,95)
- un test de cointégration suggérant une relation plus fondamentale entre ces mêmes variables (étude de Nick Emblow d’août 2019)
- la relation étant également cohérente pour d’autres actifs rares, tels que l’or
Au cours des derniers mois, une série de révélations intéressantes ont été faites par diverses personnes, affaiblissant les arguments en faveur du modèle S2F et de ses preuves à l’appui. Chaque élément de la liste ci-dessous répond à un argument à l’appui ci-dessus. Ce sont là les faits saillants récents qui, à mon avis, ont joué le plus grand rôle dans la destruction du modèle S2F, au-delà des critiques plus fondamentales qui ont été émises par beaucoup depuis le début.
- 11 mars : GeertJancap examine 50 ans de données S2F sur l’or et ne trouve aucune relation entre les variations S2F de l’or et sa valeur (marketcap)
- 23 mars : Première observation de Nick Emblow détectant une erreur grave avec le test de cointégration (tweet « ceci est un problème ») (capture d’écran)
- 27 mars : Nick Emblow donne un aperçu détaillé des raisons pour lesquelles les tests de cointégration n’étaient pas valides et passe à la place aux tests de cointégration basés sur l’ARDL.
- 27 avril : PlanB propose « S2FX », selon Nick Emblow comme moyen d’échapper aux déficiences de cointégration du modèle S2F original (Le commentaire de Nick (capture d’écran))
- 28 avril : Sebastian Kripfganz (expert en séries chronologiques, Université d’Exter, auteur de la commande ARDL utilisée par Nick Emblow) explique pourquoi le test de cointégration basé sur ARDL n’est pas non plus applicable
- 29 avril : (tweet supprimé) Nick Emblow admet son erreur et demande « Peut-être que S2F est une connerie après tout ? »
- 6 mai : Marcel Burger montre à Saifedean qu’un simple compteur indiquant le nombre de fois qu’il va aux toilettes (modélisé comme s’il allait aux toilettes 1 à 3 fois par jour avec une distribution uniforme) est tout aussi fortement corrélé (valeur R au carré) avec la capitalisation boursière du Bitcoin comme S2F
- 12 mai : Sebastian Kripfganz fait une présentation à Value of Bitcoin, réalisant deux choses : 1) réfuter agressivement la cointégration, 2) ne trouver aucune preuve statistique d’une relation entre S2F et le prix du Bitcoin.
- 20 mai : Marcel Burger publie une présentation détaillée de « La chute de la cointégration » (Pourquoi S2F et le prix du Bitcoin ne peuvent pas être cointégrés)
- 11 juin : Nick Emblow découvre que le nombre de bitcoins en circulation est tout aussi fortement corrélé (valeur R au carré) avec la capitalisation boursière du bitcoin que l’est S2F, et devient ainsi complètement convaincu que la corrélation S2F est entièrement fausse (coïncidence) (capture d’écran) (image liée)
- 30 juin : Nico Cordeiro, Strix Leviathan LLC, examine 115 ans d’or S2F, ne trouvant toujours aucune corrélation entre l’or S2F et la capitalisation boursière.
- Mise à jour : Nick Emblow : « Le modèle Bitcoin S2F est amusant, mais fondamentalement faux. Après avoir pris en compte l’autocorrélation dans les résidus, le coefficient du log s2f devient presque nul (ce qui signifie : presque sans importance) »
Conclusion
Il est assez révélateur que même les principaux promoteurs du modèle S2F (ceux qui appliquent l’analyse statistique la plus sophistiquée, sur laquelle la communauté Bitcoin s’est appuyée jusqu’à présent) ont finalement adopté le modèle en raison du manque d’hypothèses économétriques solides.
Notamment, Nick Emblow et Marcel Burger sont désormais tous deux de virulents critiques du modèle S2F (un témoignage impressionnant de leur honnêteté intellectuelle, dont je suis très reconnaissant).
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